Sylvie Agbo
French
Date: 19/04/2018

 

SENAR Les Délices de Lysa est une entreprise familiale sénégalaise spécialisée dans la transformation d’arachides, de noix de cajou et de maïs. Créée en 1982 par Lydie Sagbo, l’entreprise est reprise en 2015 par sa fille, Sylvie Sagbo. En novembre 2017 SENAR officialise un partenariat avec Teranga Capital, fonds d’investissement dédié aux PME et start-up sénégalaise sponsorisé par I&P.

L’entreprise valorise des produits naturels de haute qualité, produits et transformés au Sénégal suivant des procédés artisanaux de fabrication. L’équipe compte actuellement une quinzaine de personnes, composée à plus de 85% de femmes.

 

Nous avons rencontré Sylvie Sagbo, Présidente de SENAR Les Délices de Lysa :

1/ Comment s’est passée la reprise de SENAR, entreprise fondée par votre mère? Pourquoi ce choix ?

J’ai en quelque sorte ‘’grandi dans SENAR’’, comme ma mère, Lydie Sagbo, avait créé l’entreprise en 1982. Je me suis toujours intéressée à la société, y compris lorsque je faisais mes études ou que je travaillais depuis l’étranger. En 1994 je suis en effet partie en France pour une licence – suivie d’un Master en Finance de Marché. Au total j’ai passé plus de 20 ans en France, dont une grande partie de ce temps en tant que consultante en finance de marché. Mais l’envie de passer à autre chose s’est faite de plus en plus pressante, et l’arrivée de mes jumeaux a été un véritable déclencheur. Après avoir lancé un restaurant de cuisine africaine en Ile-de-France, que j’ai géré pendant deux années, nous avons décidé avec mon conjoint de venir nous installer au Sénégal. La décision s’est faite d’autant plus facilement que Dakar est une ville en plein transformation, où les choses bougent depuis quelques années !

Je suis rentrée définitivement à Dakar en septembre 2015, date à laquelle j’ai commencé à travailler pour SENAR. L’objectif était alors de préparer la succession, ma mère souhaitant se retirer progressivement de la société (elle est aujourd’hui Présidente du Conseil d’Administration de SENAR). Si l’entreprise – dans son essence très familiale - avait besoin d’être restructurée, j’étais consciente du potentiel de nos produits et de notre démarche, et souhaitais donner à SENAR la possibilité de développer pleinement ce potentiel.

Sélection de produits de Senar Les Délices de Lysa

 

2/ Comment s’est faite la rencontre avec Teranga Capital ? En quoi consiste le partenariat ?

Ce sont les fondateurs de Teranga Capital – Olivier Furdelle et Omar Cissé – qui ont fait la démarche de s’intéresser à SENAR. La première rencontre date de 2013, mais le fonds était encore en phase de projet à cette époque. Nous nous sommes revus en 2016, et suite à cela nous avons travaillé sur un business plan détaillé. SENAR est une entreprise en pleine croissance (le chiffre d’affaires a augmentée de 55% en 2016 et de 61% en 2017) – mais qui avait besoin d’un petit coup de pouce pour avancer. C’est tout l’enjeu du partenariat avec Teranga Capital !

En parallèle nous travaillons activement sur la prospection commerciale. Nous avons fait le choix de proposer des produits innovants pour nous distinguer de la concurrence et cela a largement boosté le développement commercial de l’entreprise (par exemple des pralines de cajou au sésame, des pralines d’arachide au gingembre, du nougat de cajou à l’anis, du beurre de cajou pur…). Nous réalisons le plus gros de nos ventes auprès de la grande distribution (Auchan, Casino…), mais nous présentons également les produits à de nombreux salons et marchés, comme le Salon de l’Agriculture en France ou le Dakar Farmers Market, qui a lieu tous les mois. Ces évènements sont importants car ils nous permettent de rencontrer les clients directement, de raconter l’histoire de la société et de tester de nouveaux produits.

 

3/ Quels sont vos projets à court et moyen terme pour poursuivre le développement de SENAR?

L’objectif premier, avec lequel nous travaillons en priorité avec Teranga Capital, est la refonte complète de nos outils de production. Cela passe par la construction d’une nouvelle usine car pour le moment les ateliers sont dans la maison familiale et il nous est parfois difficile de répondre à la demande ! Cette usine, à proximité de Dakar, est en cours de construction et sera a priori opérationnelle à partir de septembre 2018.

Le développement commercial reste l’une de nos priorités. SENAR n’a jamais employé de commerciaux proprement dits, et pour l’instant tout a été assuré par ma mère et moi sur ce terrain ! Cela semble nécessaire pour assurer l’ancrage local, développer les commandes et assurer leur suivi.

Enfin nous mettons de plus en plus l’accent sur l’export, avec comme objectif d’étendre la distribution de nos produits dans la sous-région. Nous démarrons la prospection en Côte d’Ivoire mais également en France, où j’ai fait plusieurs rencontres intéressantes à l’occasion du Salon de l’Agriculture.

SENAR au Dakar Farmers Market (mars 2018)

 

4/ Quels sont vos plus gros défis actuellement ?

Comme pour de nombreuses PME en Afrique, nos plus gros enjeux sont les financements et les ressources humaines. Nos besoins en fonds de roulement sont élevés car nous avons un stock de matières premières important à acheter dans l’année. Nous devons faire appel à des crédits de campagne chaque année – et les banques sont souvent frileuses pour prêter aux PME. On constate cependant une nette amélioration cette année suite à l’investissement dans Teranga Capital : la présence d’un capital-investisseur donne confiance aux banques locales.

Il est par ailleurs très compliqué de trouver des ressources humaines opérationnelles qui souhaitent s’engager sur le long-terme dans l’entreprise et adopter sa vision. Nous travaillons encore beaucoup avec des journaliers, qui n’ont pas forcément de sentiment d’appartenance à l’entreprise. Cela étant dit, les choses sont progressivement en train de changer avec la nouvelle génération de jeunes employés qui sortent d’université !

 

5/ Un mot de conclusion : quel(s) conseil(s) pour ceux et celles qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat ?

J’encourage tous ceux ou celles qui souhaitent se lancer dans l’entreprenariat à le faire, c’est une très belle aventure, mais il faut beaucoup de persévérance et de courage. Je pense qu’il est tout d’abord impératif de passer par la case modèle d’affaire et business plan pour vérifier la viabilité de son projet, qu’il faut ensuite un minimum de fonds propres à investir et enfin, de la volonté et une confiance en son business, son produit, pour y arriver.

 

Pour aller plus loin :

Site internet de SENAR

Page Facebook de l’entreprise

Plaquette de SENAR

Annonce de l’investissement de Teranga Capital