Adedognin Abimbola
French
Date: 18/01/2017

 

Né au Bénin à la fin des années 60, Adedognin Abimbola a réalisé une grande partie de sa scolarité en France. Diplômé de l’école de commerce de Toulouse, il débute sa carrière au sein du groupe Décathlon dont il sera assez vite nommé Directeur en charge de l’Organisation et de l’Exploitation du siège social. Mais se fait rapidement ressentir l’envie de retourner au Bénin, ce qu’Adedognin réalise en 1996. Il se lance alors dans plusieurs projets entrepreneuriaux parmi lesquels le NoMAD, Nouveau Modèle Africain de Distribution.

 

 

Riche de sa grande expérience entrepreneuriale, Adedognin souhaite aujourd’hui partager son parcours avec le plus grand nombre, et notamment avec les entrepreneurs issus de la diaspora,  afin de les préparer à aborder plus sereinement quelques-uns des obstacles et questionnements auxquels ils pourraient faire face.

 

3 Questions à Adedognin Abimbola:

 

Pourquoi avoir eu envie de retourner au Bénin, après plusieurs années passées en France ?

J’ai pris la décision de revenir au Bénin en 1996… contre l’avis de nombreux de mes proches ! Je tenais à régler une « dette » à mes parents qui avaient œuvré pour que mes frères, mes sœurs et moi bénéficiions d’une bonne éducation. Je me sentais surtout investi d'une mission vis-à-vis de l’Afrique en général et du Bénin en particulier.

L’Afrique, qu'on disait en général mal partie, avait me semblait-il besoin de ses enfants exilés pour lui apporter savoir académique et expertise professionnelle.

 

L’un des principaux messages que vous souhaitez faire passer est qu’il n’est pas toujours évident de réintégrer son propre pays. Quelle a été votre propre expérience ?

De toutes ces années, j'ai appris qu'on n'est véritablement jamais de deux cultures à parts égales. En revenant au Bénin, j'arrivais dans un pays que je pensais bien connaître du fait de ma double imprégnation culturelle béninoise et française, mais il s'est assez vite clairement avéré que j'ignorais presque tout des codes et règles en vigueur dans le pays, y compris sur le plan des affaires. De retour à Cotonou après une quinzaine d’années en France où j'avais émigré à peine adolescent, j'étais  manifestement moins Béninois que Français. Étant rentré pour m'installer, je n'étais même plus vu comme un Béninois de la diaspora par mes concitoyens Béninois qui ne percevaient plus que le Français qu'il y avait en moi. Au pays, j'étais devenu un étranger qui s'ignore, sûr du bien-fondé de ma mission et de la pertinence de mon projet par le simple fait d'avoir cru détecter une opportunité d'affaires. Comment dès lors pouvais-je me faire remettre les codes qui auraient pu refaire de moi, un Béninois ?

Il aurait fallu que ma posture fût moins orgueilleuse pour que je reconnaisse alors humblement être étranger en ma terre natale. Ainsi aurais-je été plus en alerte pour en apprendre sur le pays, curieux de découvrir et de comprendre un environnement nouveau. Observer scrupuleusement, parler peu et questionner à bon escient ; et puis savoir  beaucoup écouter... N'est-ce pas cela qui est exigé d'un bon entrepreneur ?

 

Qu’est-ce qui vous pousse aujourd’hui à témoigner sur votre parcours ?

Si j'ai connu d'incontestables réussites dans mes affaires, j'avais également implanté dès le début et sans en être conscient, les germes de futurs échecs dont j'aurais pu faire l'économie dans mon parcours d'entrepreneur qui, issu de la diaspora, chercha sa place dans son pays d'origine. Même si je crois qu’un échec économique n'est pas celui de toute une vie et qu'il offre plutôt une opportunité d’en apprendre sur soi pour faire des défaites d'aujourd'hui des victoires à venir, il n'est pas utile d’ajouter soi-même sur son chemin, certaines difficultés qu'on pourrait s’épargner.

Comme je suis devenu entrepreneur parce que je voulais être utile aux femmes et aux hommes et plus particulièrement à ceux du Bénin et d’Afrique, il m'a semblé nécessaire de livrer ma vie professionnelle comme un témoignage pour accompagner l'élan entrepreneurial qui irrigue le Continent, en prévenant par exemple des pièges et des obstacles originels qui peuvent fragiliser à terme des projets qui semblaient en tout point bien réfléchis. Ce sera ma contribution pour pérenniser nos entreprises et donc la dynamique de notre ENTREPRENANTE AFRIQUE.

 

 

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