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Date: 24/07/2019
Theme: Vie d'I&P

 

La newsletter de juillet est en ligne !

Cette newsletter permet notamment de revenir sur la dernière actualité du programme I&P Education et Emploi, annoncé en janvier 2019 : la publication de l'Etude de Faisabilité, conduite par la FERDI afin de mieux comprendre les défis africains en matière d'éducation et analyser l'écosystème actuel.

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Edito de Nicholas Burnett

De l'Éducation à l'Emploi : Pourquoi j'ai rejoint le Conseil d'Orientation Stratégique du programme I&P Éducation et Emploi

Nicholas Burnett est le membre le plus récent du Conseil d’Orientation Stratégique d’I&P Education et Emploi. Il a été directeur du développement humain de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale, Directeur du Rapport mondial de suivi sur l’Education pour tous, sous-directeur général de l’UNESCO pour l’éducation. Il dirige actuellement le Portefeuille mondial pour l’éducation de l’Institut Results for Development (R4D).

 

J'ai dédié une grande partie de ma vie professionnelle à l’enjeu de l’éducation en Afrique, que ce soit à la Banque Mondiale, à l’UNESCO, ou aujourd’hui à Results for Development. Notamment en Afrique de l’Ouest, où les progrès sont restés insuffisants malgré les efforts des gouvernements et des donateurs extérieurs. Des objectifs ont été fixés et manqués, fixés et manqués encore et encore… c'est parfois décourageant.  

En raison de mon expérience, je suis souvent invité à rejoindre des conseils d’administration et des organes consultatifs. Il m’est arrivé le plus souvent de décliner ces invitations, ne voyant pas en quoi ces initiatives pouvaient faire une réelle différence pour la jeunesse africaine. Je n’ai en revanche pas hésité un seul instant à rejoindre le Conseil d’Orientation Stratégie du programme Education et Emploi lancé par I&P, qui représente à mes yeux une exception, car il s’intéresse de près aux initiatives privées et à l’entrepreneuriat éducatif, amenés à jouer un rôle essentiel pour le futur de l’éducation en Afrique.

Aujourd'hui tout le monde se préoccupe de l'avenir de la jeunesse africaine… à juste titre. Les perspectives d’emploi sont faibles pour cette jeunesse évoluant dans un contexte difficile : des taux de fécondité élevés, des systèmes éducatifs souvent inadéquats ne donnant pas accès aux bonnes compétences, un environnement de plus en plus dégradé. Quelques 11 millions de jeunes entrent sur le marché du travail chaque année, mais seulement 3 millions d'emplois formels sont créés. La majorité des jeunes Africains doit donc travailler dans l'agriculture et dans le secteur informel.

 

Nulle part en Afrique ce problème n’est plus urgent qu’en Afrique de l’Ouest. Ses systèmes éducatifs sont en retard par rapport à ceux d’autres pays du continent (alors que c’est là que les taux de fécondité sont les plus élevés). Un exemple parmi d’autres : le simple fait de scolariser tous les enfants du Niger dans les écoles primaires et secondaires publiques représenterait 9 % de son PIB, un montant inconcevable alors que le total de ses dépenses publiques n'est que d'environ 15 % et que les dépenses courantes d'éducation sont inférieures à 4 % du PIB.

Traditionnellement, l'éducation est un domaine réservé au secteur public en Afrique. La situation évolue rapidement cependant. Aujourd'hui, un étudiant africain sur cinq est inscrit dans une école privée. Ce nouvel esprit d'entreprise dans le domaine de l'éducation constitue un levier majeur pour améliorer les compétences de la jeunesse africaine.

L’essor du privé est particulièrement visible dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle. 1 étudiant sur 3 de l'enseignement supérieur en Afrique est inscrit dans un établissement privé. Le passage à l'enseignement privé est tout à fait logique à ce niveau, où les institutions privées peuvent s'adapter avec souplesse à l'évolution des besoins du marché du travail en termes d'emplois formels et peuvent offrir une formation à l'entreprenariat à la majorité des travailleurs du marché du travail informel.

Cette tendance est cependant moins prononcée en Afrique Francophone. C’est là qu’interviendra en priorité le fonds Education et Emploi. Il pourra soutenir les entrepreneurs de l'éducation dans une région où l'offre privée est relativement moins importante mais où les où certaines expériences de soutien à l'entrepreneuriat ont été particulièrement prometteuses. En Côte d'Ivoire, par exemple, I&P et Comoé Capital ont déjà soutenu six start-ups et entreprises qui transforment à leur échelle l'écosystème éducatif ivoirien.

 

Ce ne sera pas facile, bien sûr. L’apport financier seul ne sera pas suffisant. Un renforcement au niveau de la gestion et de la comptabilité est nécessaire pour que le capital soit utilisé de façon productive. I&P a compris l’importance d’investir dans le renforcement des capacités pour que l'enseignement professionnel et supérieur privé puisse un rôle plus important et plus pertinent en Afrique de l'Ouest. En mettant à disposition des entreprises investies et de leurs écosystèmes des subventions ciblées sur les enjeux d’assistance technique ou de bourses scolaires, I&P fournira des solutions d’accompagnement mieux adaptées aux besoins des entrepreneurs et aux enjeux du secteur.  Ils ont raison à ce sujet, et j'ai hâte de les aider à travers mon rôle au sein du Conseil d’Orientation Stratégique.

 

Nous ne résolvons pas les problèmes en nous attardant sur eux ; nous les résolvons en continuant à chercher des solutions. Les défis du développement des compétences en Afrique, et notamment en Afrique Francophone, sont de taille. Pourtant, il est possible d'y faire face, notamment grâce à des approches innovantes et adaptées au contexte local.

 

Liens utiles

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