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Date: 11/07/2023
Theme: Vie d'I&P

 

Second trimestre riche en actualités pour I&P et ses fonds partenaires ! Au sommaire de l'édition n°42 de notre lettre d'information : 

À la une : retour sur la 9e édition du Séminaire annuel des Entrepreneurs, rassemblant 60 entrepreneur.e.s africain.e.s ;

 Que retenir du Sommet pour un Nouveau Pacte Financier Mondial ? Un op-ed signé Jean-Michel Severino ;

Portrait de Douglas Baguma, Co-Fondateur d'Innovex en Ouganda ;

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Opinion

Que retenir du Sommet pour un Nouveau Pacte Financier Mondial ? Et quelles conséquences pour le financement des PME Africaines ?

 

Par Jean-Michel Severino

Ayant assuré la Présidence d'Investisseurs & Partenaires (I&P) entre 2011 et 2021, Jean-Michel Severino préside depuis Octobre 2021 le Conseil de Surveillance d'I&P. 
Jean-Michel Severino est  Senior Fellow à la Ferdi et Directeur de la Chaire Ferdi sur l'investissement d'impact et membre du groupe de travail de la Chaire  sur l'architecture internationale du financement du développement. 

 


Le 22 et 23 juin dernier, s’est tenu à Paris un sommet pour un nouveau pacte financier mondial, animé par de nombreux chefs d’Etat des pays industrialisés comme en développement, et convoqué par le président français, Emmanuel Macron. Ce sommet a été pour nous l’occasion de rencontrer de nombreux partenaires. Nous avons amplement participé à la préparation intellectuelle du sommet en partenariat avec la FERDI, grâce à la chaire d’impact à laquelle nous collaborons.

 

Le sommet n’était pas une instance de négociation : tous les sujets qu’il a abordés sont traités dans des processus relevant du G2O, des institutions de Bretton-Woods ou des Nations Unies, entre autres. Mais il a permis un vaste échange d’idées sur la manière de rendre la gestion des affaires communes de notre planète plus justes

 

Nous avons pu voir s’affirmer deux séries d’idées qui nous sont chères.

 

La première est l’importance de la vulnérabilité dans l’élaboration des politiques publiques internationales. C’est le sujet central d’I&P, né dans le Sahel au tournant de ce siècle, et qui se consacre en toute priorité aux pays pauvres et fragiles.

Il reste un thème militant : trop d’investisseurs publics et privés prétendent encore contribuer au développement mais se concentrent en fait uniquement dans les plus grands et les plus performants des pays en développement. Nous avons ainsi analysé les orientations géographiques et sectorielles des institutions publiques de développement consacrées au secteur privé, dans le cadre d’une recherche conduite avec la chaire d’impact de la FERDI et alimentant le sommet. Elles montrent l’incontestable abandon relatif des pays les plus pauvres par les investisseurs publics et privés. Renverser cette tendance est au cœur du plaidoyer d’I&P pour l’investissement d’impact. Le mélange des ressources privées ou publiques, ou « blending », est l’instrument clé pour y parvenir. Ce message a été entendu, même si beaucoup reste à faire pour le rendre effectif et à la hauteur des enjeux.

 

La seconde est la nécessaire convergence entre développement et ce que nous appelons désormais les biens publics globaux, tout particulièrement mais pas exclusivement, loin de là, le climat.

Pour I&P, renforcer le secteur productif des pays les plus pauvres par le soutien à l’émergence entrepreneuriale est à la fois la condition la plus fondamentale de la construction de la résilience des sociétés en question, mais aussi la seule voie vers un véritable développement durable : la pauvreté n’est pas la réponse au défi climatique. Sans réduction de celle-ci il n’y aura pas d’acceptation politique et sociale de l’agenda environnemental.

C’est pourquoi I&P place au cœur de sa démarche d’investissement non seulement la croissance rentable et équitable des entreprises qu’elle soutient, mais aussi l’amélioration constante de leur performance environnementale. C’est aussi pour cette raison que nous avons choisi de soutenir le fonds d’investissement Gaia, entièrement consacrée aux énergies propres en Afrique, au travers de sa gouvernance comme de ses propres pratiques ESG et impact. Ce véhicule d’investissement nouveau est financé par la famille Demaegt, Schneider Electric, et des family office français. Nous finalisons aussi actuellement un nouvel instrument de préinvestissement en partenariat avec la GIZ, destiné à « verdir » l’univers entrepreneurial africain. Nous espérons démontrer par ce spectre d’initiatives comme par nos bonnes pratiques d’investissement que croissance et performance environnementale sont compatibles et sont la bonne réponse aux défis de la convergence de la lutte contre la pauvreté et de la dégradation environnementale, sujet fondamental du sommet de Paris. Plus de ressources internationales, publiques et privées, sont nécessaires ici aussi pour y parvenir : ce message a été aussi envoyé, et entendu – et là aussi nous espérons que la pratique suivra.

 

Ce sommet est donc pour nous un encouragement à continuer le combat, sur le terrain opérationnel comme sur celui du plaidoyer, afin de modifier l’architecture financière internationale qui tourne encore trop le dos à l’impérative nécessité de la double lutte contre la pauvreté et pour l’environnement.


 

Pour aller plus loin

3 pistes essentielles pour l’agenda du développement des 30 prochaines années - Un article de Jean-Michel Severino publié sur le blog Entreprenante Afrique

→ Des millions pour des milliards : accélérer l’émergence entrepreneuriale africaine pour une croissance accélérée, durable et riche en emplois. Une publication de Jean-Michel Severino qui plaide pour la nécessité d’accélérer fortement l’implication publique en faveur de l’émergence entrepreneuriale dans les pays pauvres et fragiles.

→ Les contributions de la Chaire Architecture internationale du financement du développement (AIFD) de la Ferdi au Sommet de Paris. Le pari de la Ferdi à travers sa chaire sur l'Architecture internationale du financement du développement a été de contribuer à la réflexion sur la réforme du système financier mondial pour le développement en s'attaquant à quelques questions essentielles et en tentant de formuler des propositions concrètes. 

→ Une expérience de la SFI et du Groupe de la Banque mondiale pour mobiliser le secteur privé en faveur du développement - Philippe Le Houérou & Hans Peter Lankes

→ Pacte financier mondial : quel rôle pour les banques publiques de développement face aux crises ? Article de Florian Léon, Chargé de recherche, Fondation pour les Etudes et Recherches sur le Développement International (FERDI) et de Jean-Baptiste Jacouton, Chargé de recherche, Agence française de développement (AFD).