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Date: 23/10/2019

 

Figurant parmi les premiers investissements du fonds IPAE 2, CoinAfrique est une plateforme communautaire 100% mobile conçue pour acheter et vendre des produits simplement en Afrique francophone. Créée en 2015, CoinAfrique dépasse à ce jour les 1,4 millions de téléchargements et compte à peu près 500 000 utilisateurs actifs mensuels.

Nous avons rencontré les cofondateurs de la plateforme : Matthias Papet, son Président, expert des nouvelles technologies et du e-commerce, et Eric Genêtre, son Directeur Général, en charge de la partie financière et administrative de la société.

 

 

 

 

Interview de Matthias Papet et Eric Genetre, co-fondateurs de CoinAfrique

 

Quelques mots sur votre lien et l’histoire derrière la création de CoinAfrique ?

Matthias : Nous sommes amis de longue date. Nous nous sommes rencontrés il y a plus de dix ans par l’intermédiaire… de nos filles, qui étaient dans la même école maternelle ! Nous sommes toujours restés proches malgré la distance géographique, chacun travaillant de son côté avant que nous nous rejoignions sur ce projet. J’ai un profil e-commerce et marketing digital, et j’ai travaillé pour des compagnies comme Air France, Google.

Eric : De mon côté, j’ai plutôt un profil d’ingénieur, spécialiste en gestion de grands projets, chez Vinci Concession ou Bouygues par exemple. Nos parcours professionnels sont très différents, mais finalement plutôt complémentaires.

Matthias : J’ai lancé le projet fin 2014 avec une première version de CoinAfrique, et puis Eric m’a très vite rejoint, d’abord en tant qu’investisseur, puis en tant que co-fondateur. L’idée du projet était de mettre en relation des acheteurs et vendeurs en Afrique francophone à travers une plateforme mobile de petites annonces. C’est à l’arrivée d’Éric que nous avons vraiment débuté la levée de fonds.

 

Quelles sont vos responsabilités au sein de l’équipe ?

E. : Je m’occupe de la partie administrative et financière de l’entreprise ainsi que des produits. Matthias lui se concentre sur le développement commercial et le marketing. Nous pilotons tous les deux la boîte en tant que co-fondateurs et nous nous concentrons au même niveau sur les sujets de recrutement et recherche de talents. Nous faisons ensemble la recherche de marketeurs, de développeurs et nous nous occupons aussi de la rétention et fidélisation des employés.

 

Pourquoi avez-vous choisi de vous développer sur plusieurs pays, et pourquoi se concentrer sur l’Afrique francophone ?

M. : L’Afrique francophone est une zone à fort potentiel, surtout pour ce type de services. Cette par ailleurs une zone homogène sur plusieurs aspects. Il y a une monnaie, une langue et un réseau médiatique communs. Ceci permet de fonder une entreprise qui cible toute la région, car il existe, notamment à travers le système médiatique, une vraie capacité à cibler des utilisateurs de plusieurs pays différents à la fois. Le principal défi auquel nous sommes confrontés consiste à créer un service global sur toute cette zone, afin de couvrir un maximum d’utilisateurs, tout en maintenant du contenu et une expérience pour les utilisateurs de qualité.

E. : C’est aussi une question de taille de marché. Les pays que nous ciblons sont de taille modeste, en termes de nombres d’habitants. De plus, notre entreprise n’a pas beaucoup de coûts fixes. Nous ne devons pas prendre en charge des frais de livraison ou le financement d’entrepôts, mais uniquement des coûts de holding. Cibler uniquement un pays c’est donc restreindre le potentiel de revenus de l’entreprise par rapport aux coûts que nous avons.

M. : Il reste que démarrer une start-up dans la région représente certaines difficultés. L’enjeu principal est de savoir adapter un modèle économique de petites annonces au contexte africain, qui est urbain, mobile, mais surtout très aléatoire dans ses connexions de connectivité réseau. Une autre spécificité de l’Afrique est que la population ciblée est plus diffuse. Il y a quelques vendeurs particuliers sur la plateforme, mais pour la grande majorité il s’agit de vendeurs semi-professionnels, souvent (tout ou en partie) informels.

 

Connaissiez-vous bien le continent africain avant de lancer CoinAfrique ?

M. : Je suis originaire de l’île de la Réunion, donc j’ai une attache personnelle avec le continent africain. Je me suis rendu plusieurs fois en Afrique australe, au Mali etc. Ceci dit, je connaissais l’Afrique dans un contexte personnel, et non sous un point de vue business. L’enjeu principal a été de se familiariser avec le continent pour y fonder une entreprise.

 

Y-a-t -il des différences majeures entre les marchés dans lequel vous opérez ?

E. : Dans les cinq pays dans lequel on opère, on remarque une même typologie de produits postés ou cherchés sur la plateforme. Il s’agit surtout de véhicules, de produits dans le mobile/digital et puis de vêtements ou d’accessoires de mode. Ce qui change surtout c’est le contexte digital, et donc la concentration du moyen marketing que l’on va utiliser. Par exemple, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire sont des pays avec plus d’usage mobile, et des utilisations plus réactifs en ligne. D’autres pays, tels que le Bénin ou le Togo, nécessitent plus d’accompagnement, car ils sont moins habitués à l’usage mobile. La grande différence est donc la pénétration internet, plutôt que la demande de types produits.

 

Comment s’est faite la rencontre avec I&P ? En quoi consiste votre partenariat ?

E. : Nous recherchions un investisseur qui pouvait nous accompagner sur la durée et nous aider à explorer le continent africain, qui est prometteur mais qui présente aussi beaucoup d’enjeux, surtout dans le secteur technologique. On ne rentrait pas forcément dans les critères de recherche des acteurs du « Venture Capital », qui demandent une rentabilité très forte et qui ont une vue plutôt court-terme.

M. : I&P semblait être un partenaire qui correspondait mieux à nos attentes. Tout d’abord, il existe un fort alignement thématique et moral entre I&P et CoinAfrique : on se retrouve dans la volonté de promouvoir la dynamique entrepreneuriale africaine ! I&P a par ailleurs une connaissance importante de l’Afrique francophone et est en mesure de nous accompagner et soutenir sur une durée de plusieurs années, ce qui est primordial à notre stade de développement. L’investissement d’I&P a permis de structurer l’entreprise. L’objectif aujourd’hui est de pouvoir atteindre un second round de financement afin d’augmenter notre part de marché, acquérir plus d’utilisateurs et atteindre une taille critique, pour pouvoir ensuite lancer l’expansion de CoinAfrique dans d’autres pays.

 

Où en êtes-vous aujourd’hui ? Quels sont vos projets de développement pour les prochaines années ?

M. : Aujourd’hui, CoinAfrique représente une cinquantaine de personnes salariées, incluant une vingtaine de modérateurs. Ces personnes sont basées à Dakar, notre centre opérationnel, mais il y a aussi des équipes commerciales dans quatre autres pays : Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, Cameroun.

E. : À présent nous couvrons cinq pays de la zone francophone, mais notre ambition est d’être présents sur les 12 pays. Aujourd’hui, nous avons plus de 1,3 millions de visites sur notre site web et nous sommes à 1.4 millions de téléchargements de notre application. Notre but est d’atteindre les 20 millions d’utilisateurs d’ici les cinq prochaines années.  

 

Quel est votre impact dans la région ?

M. : La vraie mesure d’impact que l’entreprise apporte est au niveau des vendeurs (professionnels et semi-professionnels). En effet, le vrai volume de contenu est détenu par des individus semi-professionnels, c’est-à-dire qu’ils ont d’autres occupations en parallèle or la vente de produits sur CoinAfrique. Nous avons effectué une étude et avons appelé 10% de nos vendeurs afin de comprendre leur niveau de satisfaction et l’impact de la plateforme sur leurs ventes. Le niveau de satisfaction était entre 75% et 80%.

 

Comment se passe le recrutement de vos équipes ?

E. : L’équipe de Coin d’Afrique est majoritairement africaine. Dans ce métier on observe peu de turnover, car les employés reçoivent des revenus stables et sont plutôt satisfaits de leur environnement de travail. Le plus difficile est de trouver des profils de type expert en développement informatique ou en marketing et des profils de commerciaux. Il y a relativement peu d’étudiants formés à ces métiers qui rejoignent le marché du travail chaque année.

M. : Depuis l’arrivée d’I&P, nous avons réellement structuré notre middle management, avec le recrutement d’un directeur marketing, un directeur opérationnel et un manager de produits. Nous avons aussi une présence dans chaque pays dans lequel nous sommes opérationnels, avec un directeur commercial au Bénin, au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Chaque trimestre, nous réunissons cette équipe pendant trois jours à Dakar afin de travailler ensemble sur la stratégie de développement de l’entreprise. Nous sommes convaincus qu’il est essentiel d’investir dans notre capital humain, et c’est pour cela que nous investissons beaucoup dans la formation.

 

Quelles sont vos actualités et vos futurs projets ?

M. : Notre actualité majeure est la mise en place de la monétisation de nos services. Dans les prochains mois, nous voulons mettre en place des offres payantes, avec plusieurs options de pricing. Par exemple, un vendeur pourra, en contrepartie d’une petite somme, avoir son annonce positionnée au début de la page, et donc recevoir un petit « boost » pour vendre plus rapidement.  Ces boosts peuvent être achetés à l’unité ou sous forme de pack (plusieurs unités) pour les vendeurs professionnels. Pour les utilisateurs la plateforme reste complètement gratuite.

 

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